Thierry Costesèque – April 2016

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Costesèque explores cultural divides and individual stories through the lens of larger histories including colonialism. 

Thierry Costesèque was born in Saigon, Vietnam in 1970. He graduated from the National School for Fine Arts of Paris in 1994, and since 2010, he lives and works in and around Paris. Represented by the Eric Dupont gallery in Paris, Costesèque’s recent work has featured at conferences and in publications at the Tate Modern and ESACM. Last year his works were shown in France and around the world, notably at the Viewing Program of the Drawing Center in New York and in the framework of the McCormack and Gent Curatorial Project in London. In 2013, he was awarded a research grant from the Rothschild Foundation (FNAGP) for his latest project Western, shown at Creux de l’enfer.

Using conversations and interactions as the foundation for his process-based work, Costesèque is creating an installation that used documentation of public performances that took place in New York and Beirut, collaged local media pieces that tell narratives and found objects that had been the center of conversations during the residency. Influenced by his personal history, Costesèque explores cultural divides and individual stories through the lens of larger histories including colonialism. 

 

 

Article of L’Orient – Le Jour

https://www.lorientlejour.com/article/982950/une-invitation-a-la-creation-dans-les-coeurs-de-beyrouth.html

“En 1995, Mustapha Yamout, alias Mr. Zico, transforme sa demeure familiale en Zico House, un espace multidimensionnel, à la rencontre de l’action civile et de la scène artistique contemporaine libanaise. À l’époque, l’ « intérêt pour ce genre d’initiative était encore inexistant. Tout comme les financements. Mais on s’est pas pris la tête », assure-t-il. Architecte de formation, mais surtout voyageur et fan de ce hasard qui fabrique de belles connaissances, il accueille dès la même année une série d’artistes sous sa propre enseigne. Depuis, les créateurs et les événements se sont succédé sans discontinuer. Et toujours dans ce même esprit au confluent de l’art et de l’engagement.

Ce mois d’avril, Thierry Costesèque a investi la résidence pour y élaborer un travail sous « le signe du don ». Cet artiste aux racines multiples inscrit son œuvre dans un métissage de détails. Un travail de recherche et de contacts. Une tentative d’appropriation personnelle de la ville.

Zico lui propose « non pas une résidence formelle, mais une invitation à la création “in” Beyrouth », abritée dans l’architecture et l’environnement typiques de Kantari.

L’objectif de Costesèque est de « recueillir l’intelligence populaire de Beyrouth, le dialogue et la rencontre, et rendre à la ville tout détail qui lui appartient », explique-t-il.

L’artiste est projeté dans « une résidence à l’espace ouvert, dans le métissage artistique urbain, la rencontre au patio, » dont cette maison en est l’emblème. Tout comme « la commande de la man’ouché, assis dans le patio », désormais rituel sacré de sa routine libanaise. Une routine pas tout à fait libanaise non plus. « Car je sais qu’au Liban on fait beaucoup la fête, ce qui n’a pas été mon cas », admet-il. Vietnamien de naissance, de parents tunisiens aux ancêtres libanais, Costesèque grandit dans une Algérie « néo-indépendante ». Fasciné par l’historique des conflits actuels, son art se construit dans la rupture du « clivage colonial qui perdure. Les négociations, les guerres, les paix… Il faut sortir des clichés et réinscrire tout cela dans l’histoire ».

Un Moyen-Orient « qui n’est pas un gros tas »

À Zico, cette réinscription se traduit par une juxtaposition de performance et collages, afin de capturer un quotidien simple et doux. Dans sa performance filmée, Sanayeh – Le Jardin, on retrouve Costesèque, accroupi à la « vietnamienne », écoutant le chant du muezzin. Vendeur d’oranges aux habits et claquettes usés, il se fait spectateur de la circulation beyrouthine, de sa fluidité, mangeant ses fruits dans un parking en face de la mosquée Mohammad al-Amine. Spectateur du quotidien « d’une prière qu’à Beyrouth on entend cinq fois par jour ». À côté, ses collages se construisent à partir de différentes temporalités ; des découpages de photos-romans libanais de l’époque de la guerre civile, des extraits de presse levantine du temps du mandat, des cactus et des colliers de Souk-el-Ahad qui servent de cadre. « Ma grand-mère encadrait toujours nos photos avec des colliers », explique-t-il.

Un parrainage curieux, tout comme son titre. « Si le spectateur a tout compris, il arrête de réfléchir – tout travail est dans le décalage, la décomposition », affirme Costesèque. Lequel s’arme de douceur pour exprimer ce décalage. Il montre la mosquée, non plus comme proie d’une connotation médiatique et occidentale « violente », mais comme lieu de partage simple et quotidien. Chaque fragment de ses collages se veut messager d’un « Moyen-Orient (qui) n’est pas un gros tas (auquel) il faut lui rendre son détail, reconstituer la richesse de sa culture, sortir du clivage Orient-Occident ». Pile au moment où il prononce ces mots, un cactus de l’un de ses collages sur le mur tombe à terre. « C’est une réaction à la vie », réagit sur-le-champ Costesèque. Avec humour…”

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